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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 10:05

 

 

 

 

Le 8 mai 2011, à l'occasion de l'inauguration du Monument aux Morts restauré, la municipalité de Pipriac secondée par le Souvenir Français et en présence des associations d’Anciens Combattants et des OPEX - Soldats de France, rendait hommage aux morts pour la liberté. On y célèbrait la mémoire des tombés de 14-18, de 39-45, d'Indochine et d'Algérie. Ma mère et moi étions tout particulièrement invités en tant que parents de Francis Boursier, résistant mort à Pipriac en août 44. Je salue au passge mes cousins et petits-cousins, fils et petits-fils de Francis qui étaient présents dans nos coeurs.

 

 

Quelques images de cette cérénomie*

 

*Je demande pardon à mes lecteurs intéressés d'avoir autant tardé à publier cet article.

 

 

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Une délégation des élèves officiers de Coëtquidan. Hommage au Capitaine Francis Boursier des Forces Française Libres.

 

 

 

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Ma mère, Victorine, au centre, en compagnie de ma femme Régine et moi-même.

 

 

 

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Le menhir avec la plaque souvenir, à la Croix des Rosais, lieu de la mort de Francis.

 

 

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La tombe de Francis dans le cimetière de Louvigné-du-désert. Ouvrage réalisé par mon grand-père, Henri Prioul. Beaucoup de similitude avec le monument aux morts de Pipriac. Le grand-père était évidemment aux funérailles de son fils à Pipriac et on peut imaginer que ce jour-là il avait déjà décidé de le copier comme un hommage à Francis. Son corps fut, plus tard, rapatrié à Louvigné où il repose en compagnie de celui de sa femme, Fernande et d'un de ses fils, Fernand, morts respectivement en 1999 et 1997.


       

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 05:48

 


L'ami Jacques Gervis, au cours de ses recherches afin de rédiger la biographie du résistant Marcel Philippe, a retrouvé sur les cahiers de ce dernier ce récit d'une évasion de Francis Boursier. J'ignorais cette histoire. Elle est à ranger parmi les récits des multiples évasions du fameux tonton qui, comme a l'habitude de dire ma mère  "n'était pas un bileux !"

 
25 février 1944 - Après la disparition de Maurice, je reprends contact avec Jean Le Gal* que je connais depuis déjà longtemps. Il a fait ses preuves et j'ai toute ma confiance en lui depuis septembre 1943.


Pourquoi j'accorde toute ma confiance à Jean Le Gal ? Eh bien, c'est suite au combat aérien du 16  septembre 1943 entre les bombardiers américains se dirigeant sur Nantes et les chasseurs allemands. 3 bombardiers, en flammes, sont abattus. Quelques aviateurs réussissent à échapper à la mort en sautant en parachute. L'un d'eux tombe à La Chapelle Gaurin se brisant une jambe dans un arbre. Aussitôt il est ramassé par un fermier qui le cache et veut le faire soigner. Malheureusement le sinistre N.. agent dévoué de la gestapo, s'empresse de prévenir la police Française qui conseille à ce traitre de se tenir tranquille et de fermer les yeux sur ce soldat allié tombé en combattant pour notre libération. Ce traitre, qui ne demande qu'à servir l'Allemagne malgré les avertissements de policiers français, prévient la police Allemande et vend cet aviateur Américain pour la somme de 10.000 francs.


Ce geste révolte tous les vrais Français des communes environnantes. Jean Le Gal qui a sa planque, à ce moment, à Sainte-Marie (de Redon), organise une mission pour descendre ce traitre. Dans la nuit du 27 au 28 septembre, une petite équipe de 7 hommes, dont Jean est le chef,  s'achemine sur la route de Renac, à travers les sapins. La petite équipe arrive sur les lieux où doit se passer la pénible besogne. Malheureusement, N... est à Rennes. Se doutant du coup, il a fui le pays et avant de partir, il a eu bien soin de prévenir ses chers protecteurs allemands.


Le coup est donc remis. Toute l'équipe reprend la direction de Renac. Et avant de se quitter à environ un kilomètre du bourg de Renac, tous se serrent la main et Jean fixe une prochaine réunion.
Tout à coup, au moment de se séparer, une patrouille de huit boches surgit. Ils sont tous armés et, se doutant du coup, tirent sur la petite bande qui réussit quand même à se disperser.


Un seul est pris. C’est Jean qui avait une arme sur lui. Il sait ce qui l’attend : tortures pour le faire parler sur l’organisation dont il fait partie et puis, la fusillade.. Les boches l’emmènent à Redon. Pauvre Jean ! Encadré par les huit boches qui sont prêts à tirer au moindre geste, dans sa tête défile le film de sa vie : il voit sa femme, ses deux enfants**, ses camarades. Non, il ne peut pas, il ne veut pas se faire fusiller sans avoir essayé au moins une évasion.


Pourtant pour ne pas lui donner toute chance de s’évader, les Allemands lui donnent une bicyclette dans chaque main. Il traverse Renac avec cet encadrement. Il est deux heures du matin. Il arrive bientôt en face la route de Sainte-Marie. Cette fois c’est trop fort,  il va tenter le tout pour le tout.


D’un seul coup, il balance les deux vélos dans les pattes des boches et s’élance à travers une haie. Bientôt, c’est une course éperdue. Les balles sifflent à ses côtés. Il traverse haies et talus ; bientôt ses souliers restent accrochés dans une haie. Il traverse les champs de blés, coupés depuis à peine deux mois. Ce n’est qu’après deux heures de course folle, les pieds en sang, qu’il arrive dans une ferme amie, enfin sauvé.


C’est le premier coup qu’il lui est arrivé avec les boches, mais avec un courage et un calme étonnant, il a eu vite toute notre confiance. 


 


*Jean Le Gal, nom de guerre du capitaine Francis Boursier


** Francis Boursier avait deux enfants : le petit Francis et Fernand qui lui portait le prénom de sa mère. Fernand est mort en 1997, il repose avec son père à Louvigné-du-désert et sa mère, disparue elle en 1999. Francis vit toujours dans la région parisienne.

 



J'étais très ému, mercredi dernier à Pipriac, en écoutant Marcel Philippe me narrer à nouveau cette histoire. Comment Francis lui était apparu les pieds ensanglantés par une course dans les écos de blé, mais plus vivant que jamais. Francis qui, quelques mois plus tard, toujours à Pipriac, ne bénéficiera pas de la même chance.

 

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                Devant la plaque du souvenir à Pipriac - février 2011

Marcel Philippe le résistant, est au centre, col blanc, veste marron.


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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 08:35

 francis Boursier0024

 



Je suis allé hier à Pipriac, un gros bourg au sud de Rennes dans la direction de Nantes.
Mon oncle Francis Boursier, résistant plus que résolu, y a trouvé la mort en combattant le 3 août 1944*
Cette rencontre avec les élus locaux et Marcel Philippe, un des derniers combattants témoins de cette époque, a été organisée par Jacques Gervis, écrivain et historien qu’il faut saluer. Jacques prépare une biographie de Marcel Philippe et c’est à cette occasion qu’il a ressorti de l’oubli divers documents très touchants.

J’étais accompagné de ma mère Victorine, 90 ans, belle-sœur de Francis qui est mort à 33 ans et qu’elle a bien connu, évidemment. Elle n’avait jamais eu l’occasion de se rendre à Pipriac.

Nous sommes allés nous recueillir devant la plaque commémorative qui rappelle la mort de Francis et de ces deux copains. Une plaque un peu effacée, mais qu’importe le temps, scellée contre un grand bloc de schiste noir de Saint-Just qui s’élève très haut tel un menhir.
La route où ils sont morts est toujours là, droite, déserte, bordée de talus d’où les trois garçons, volontairement mal informés par un quatrième, se sont attaqués, héroïquement, à une colonne de plusieurs centaines de soldats allemands.
Pas facile de connaître les circonstances exactes de leurs morts. On évoque une fusillade évidemment, c’est la version officielle que nous connaissions  mais Marcel Philippe parle, lui, de pris puis de fusillés.

Qu’importe c’était une action de guerre et de courage.

Le même traître avait donné, quelques temps auparavant, d’autres camarades dont Marcel Philippe qui furent exécutés à Langon, un village proche sur les bords de la Vilaine. Marcel fut le seul à sauver sa vie et c’est avec beaucoup d’émotion que je l’ai écouté me raconter, sur le lieu même, les circonstances du drame : comment il a entendu, caché dans un grenier dont il me montre les trous toujours existants, les cris de ses amis puis la fusillade, puis d’autres encore…

Le salaud qui a trahi par deux fois ses amis a réussi à sauver sa peau à la Libération et a vécu (tranquillement, je ne l’espère pas !) jusqu’à il y a peu d’années.

Le corps de notre oncle fut rapatrié un peu plus tard dans le cimetière de Louvigné où il repose sous un bel obélisque de granit bleu taillé par mon grand-père. Je vais m’y rendre ce matin.  

 

*Il règne une certaine confusion quant à la date exacte mais cela a peu d’importance.

 

NB : Le même article paraît simultanément sur mon blog littéraire (en lien), dans la catégorie "Journal"

 

 


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